Le M263
En1940, les ingénieurs allemands mettent au point un nouveau type de dragueur, rapide à construire: le M40. N'ayant pas beaucoup de place à bord, les 96 hommes se sentent oppressés et qui plus est, le bateau est très sale, car chauffé au charbon. Son armement est loin d'être parfait: le canon de 105 mm, placé à l'arrière, ne peut tirer en altitude. L’absence d'un deuxième canon de 105mm à l'avant est durement ressentie. Les postes de tir ne sont pas protégés par des blindages et lors des attaques aériennes, c'est l'hécatombe.
A la suite du débarquement en Normandie, les alliés vont déclencher l'opération Kinetic, qui a pour but d'anéantir la flotte allemande le long de la côte Atlantique. La Kriegsmarine va connaître alors un été terrible: la supériorité des alliés va s'exprimer autant sur mer que dans les airs. Le 5août 1944, la Force26 est en maraude au large de Saint-Nazaire, Composée du croiseur BELLONA, des destroyers britanniques ASHANTI, TARTAR et des canadiens HAïDA et IROQUOIS. Cette terrible armada n'est pas là par hasard; l'Intelligence Service britannique l'a prévenue du passage imminent d'un convoi allemand.
Les commandants des navires alliés sont sûrs de leur supériorité, ils savent qu'ils peuvent pilonner l'ennemi en guidant leur tir par radar,tout en restant hors de portée de la riposte. De plus, leurs navires sont deux fois plus rapides que ceux des Allemands. A 20heures, le convoi allemand quitte Saint-Nazaire. IL comprend l'escorteur rapide SG3, deux dragueurs, lesM263 et M486, le patrouilleurV414, le câblier HOHEWEG, l'Otto, un remorqueur.
Ces navires chargés d'hommes et de matériel doivent gagner la Pallice pour ensuite les évacuer vers l'Allemagne. Les alliés laissent leurs «proies» s'écarter suffisamment loin de la Loire pour leur couper toute retraite. A 00h40, alors que le convoi allemand se situe entre Noirmoutier et l'île d'Yeu,«l'hallali» peut commencer.
Texte : Olivier Brichet (Océans).
Caractéristiques :
Date de lancement: | 17 décembre 1942 |
Longueur: | 62,5m |
Vitesse : | 15 noeuds |
Equipage : | 4 officiers et 92 hommes |
Machine : | Deux machines alternatives de 800CV à triple expansion. |
Armement : |
- Deux mitrailleuses MG151 de chaque côté de la timonerie. - Un canon de 37mm et un canon de 20mm à l'avant. - Un canon de 105mm, un canon de 20 mm et un affût quadruple de 20mm à l'arrière. |
Plongée de septembre 2016
C'est à nouveau par une mer plate et presque sans un brin de vent que nous nous élançons vers le large. Direction le M263 ! Comme la veille sur le U976 c'est en compagnie de Bruno que je descends voir le dragueur de mines allemand. La visi est encore plus belle que la veille et avoisine les 25/30m. A la descente nous pouvons distinguer une grande partie de l'épave. L'équipe l'avait déjà plongée cette saison et les infos de sa détérioration étaient remontées, mais il faut le voir pour le croire... Le pauvre dragueur posé sur son flanc bâbord à encore bien souffert. Hiver après hiver il continue de s'effondrer. Sa partie centrale est maintenant un vaste champ de ruines où s'entremêlent ferrailles, tuyaux et blocs de lest. Le moteur tribord est encore accroché à ses supports, suspendu comme par magie dans le vide. Pour combien de temps encore ?
Nous progressons vers l'arrière avec sur notre chemin le canon de 105, couché sur les débris. L'arrière a un peu mieux résisté et c'est une belle vision que celle de la poupe avec un morceau de pont encore bien présent sur lequel se dessinent deux ronds de trappes d'accès, aux soutes, sans doute. Je passe de l'autre côté de la poupe et me retrouve face à l'hélice tribord et au safran qui cache l'hélice bâbord. Magnifique.
Bruno a déjà repris le chemin vers l'avant, je le suis. La belle visibilité aidant, nous sortons légèrement de l'épave pour saluer le reste de passerelle, posée retournée et un peu esseulée. Puis nous atteignons la poupe, dernière zone où la structure fait de la résistance et où il est possible de se glisser sur quelques mètres. Couchée sur le sable, elle vaut également son pesant de minutes de palier même si là aussi, le poids des années d'immersion se fait sentir. Les guindeau tombent les uns après les autres. L'étrave a été arrachée et broyée. Néanmoins, en passant du côté du bordé de fond, on peu toujours admirer la carène qui jusqu'au 6 août glissait sur la mer.
Un petit coup d'oeil à l'ancre tribord puis nous retournons vers notre mouillage à nous. En surface, Jean-Marc et Raphaël attendent d'aller à leur tout admirer la superbe épave du M263. Et il faut profiter de ses reliefs tant qu'ils sont là car dans quelques années, elle sera à plat !
Plongée en septembre 2012
Nous devions plonger sur une épave inconnue, mais l'écho se révèle être une tête de roche. Le point le plus proche est le M263. Et là: une bonne surprise: les cales sont habitées par de magnifiques lieus. Une moins bonne surprise: toute la partie haute de la coque s'est effondrée: laissant visibles les chaudières et la machine. La dégradation de l'épave s'accélère très vite.
Plongée du 24 septembre 2011
Une plongée qui commence sous d'heureux auspices et qui finit avec une clarté digne des fours les plus sombres. Eh oui, nous sommes en septembre, une eau chaude en surface et une thermocline qui descend de plus en plus bas. Au total, la pioche est bien mouillée, mais la moitié de l'équipage ne trouve pas l'épave, et quand à nous, nous nous contentons de faire du détail
M263 de l'ombre à la lumière
Film présenté au festival de Trebeurden en 2011 (Premier Prix). Il a été réalisé en partenariat avec Nantes7 et grâce à l'active participation de Fabrice Caer
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